Bruxelles tente de reprendre les rênes de la gestion du Covid-19 !

L’UE se concentre sur le plan de relance économique, sans oublier le Brexit, les tensions géopolitiques et le changement climatique.

Conférence de presse de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen

Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne.

L’exécutif communautaire a tenu son traditionnel séminaire au début de l’année politique mercredi dernier dans le but de prendre de l’élan face à des mois plus incertains que jamais. Ce sera le 16 septembre lorsque la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, exposera ses priorités dans le soi-disant discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen. Une adresse qui sera marquée par la pandémie de coronavirus tant du point de vue des enjeux sanitaires qu’économiques, mais qui n’oubliera pas les grandes priorités de son mandat: la double transition énergétique et numérique.

Pour Camino Mortera, analyste au centre de réflexion Center for European Reform , on s’attend également à ce que la politique étrangère apparaisse comme un « fil conducteur direct ou indirect » avec des mentions expresses des relations avec la Chine, les élections américaines de novembre et la situation avec la Biélorussie. Justement, le président du Conseil, Charles Michel, a convoqué un sommet extraordinaire des dirigeants européens les 24 et 25 septembre afin de faire face à la fois à la situation à Minks et aux tensions avec la Turquie en Méditerranée orientale.

Ces prochains mois seront l’occasion en or de voir si le club communautaire est prêt à «parler le langage du pouvoir», expression maintes fois utilisée par le plus haut représentant de la diplomatie communautaire, Josep Borrell.

Parmi les défis les plus immédiats, la machine bruxelloise est plongée dans les préparatifs pour mobiliser les 750 000 millions d’euros pour faire face aux ravages économiques causés par le coronavirus . L’objectif de la présidence allemande, dont ce semestre est à la tête de l’UE, est de parvenir à un accord sur l’épine dorsale du pacte à la fin du mois de septembre dans le but que les États qui le souhaitent puissent ratifier l’accord dans leurs pays respectifs.

L’argent devrait commencer à affluer début janvier après que les pays aient détaillé leurs plans de réforme et leurs projets d’investissement avant le 15 octobre. La tâche semble ardue, surtout après que le Parlement a appelé à modifier les réductions de certains postes ou à créer de nouvelles taxes européennes.

Pour l’analyste du Centre d’études européennes Fabian Zuuleg ,  l’exécutif communautaire doit «démontrer que l’UE peut devenir un acteur clé pour relever ces défis, avec un réel impact sur la vie des gens».

Personne ne doute que désormais la Commission européenne doit mettre toute la viande sur le gril pour qu’un nouveau retrait de l’État-nation ne se reproduise pas et ne retrouve pas le leadership perdu dans les pires moments de l’avancée du virus.

Parmi les défis à plus court terme figurent la mise en œuvre de critères communs sur les restrictions de voyage dues aux épidémies de coronavirus pour éviter un nouveau scénario chaotique de fermeture aveugle des frontières et la fourniture à tous les Européens du vaccin contre le covid19.

Bruxelles estime que le premier vaccin de la société britannique Astrazeneca pourra atteindre les États européens en novembre et a déjà signé un contrat garantissant l’accès à 300 millions de doses. Malgré cela, il est encore trop tôt pour faire sonner la sonnette au vol et Bruxelles – au nom de tous les États membres – négocie avec cinq autres laboratoires dans le but que les pays européens ne trébuchent pas dans l’accès au vaccin.

Mais la gestion de tout ce qui touche au coronavirus ne peut nous faire oublier que, dans ces mois, Bruxelles sera contrainte de dépoussiérer les anciennes initiatives et de faire face à des tâches en suspens telles que la réforme du système d’asile européen ou l’approbation du paquet législatif sur le changement climat avec l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050. Pour ce faire, les Etats européens doivent s’engager à fixer un objectif de réduction à l’horizon 2030 et la Commission européenne doit piloter le débat en proposant un chiffre compris entre 50% ou 55% par rapport aux niveaux de 1990.

De plus, la possibilité d’ un Brexit chaotique le 31 décembre l’ emporte . La semaine prochaine, un nouveau cycle de négociations commence, qui sera essentiel pour voir si un accord peut être conclu. Selon les calculs des Vingt-sept, il sera nécessaire de parvenir à un pacte au mois d’octobre – approuvé par les Vingt-sept le sommet prévu les 15 et 16 – pour que le processus de ratification puisse être mené à bien sans sauts et limites.

La Commission européenne prépare d’éventuels plans d’urgence contre la montre face au danger d’un Brexit économique pour les courageux, mais on s’attend à ce que les documents ne soient pas rendus publics avant la fin du mois de septembre et tout dépendra de ce qui se passera la semaine prochaine.

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